Ayant plus d’une corde à son arc pour reconquérir l’électorat du Front national, la majorité gouvernementale invente le concept des racines chrétiennes de la laïcité.
«Je n’ai pas de problème pour faire un débat sur la cueillette des olives en Basse-Provence […] je ne suis pas certain que ça créera d’énormes polémiques. Moi, je prends les débats qui intéressent les Français.» C’est ainsi que Jean-François Copé a résumé, le 4mars, à Troyes, le débat sur la laïcité voulu par l’UMP. De son côté, Nicolas Sarkozy, lors de son voyage au Puy-en-Velay (Haute-Loire) pour promouvoir le patrimoine culturel, a évoqué les racines chrétiennes de la France, avant de justifier ses propos : «Président d’une république laïque, je peux dire cela parce que c’est la vérité.» Belle illustration d’une laïcité à la française.
Ce débat n’est pas réactivé par hasard : multiples lois sur le voile, déclarations xénophobes en série. Il ne s’agit pas d’un débat sur la laïcité mais d’une campagne de communication à quatorze mois de la présidentielle, faisant passer au second plan le démantèlement de la Sécurité sociale, la suppression de l’ISF, les coupes budgétaires dans le secteur public,etc.
Outre ces contradictions, c’est clairement la religion musulmane qui est visée dans ce débat en agitant le spectre de l’islamisme autant dans les affaires intérieures qu’en politique étrangère, avec les révolutions arabes. Ces «islamalgames» entre islam, fanatisme et violence font de la laïcité (obtenue historiquement contre la droite conservatrice) un pur instrument politique. Thème qui mobilise les voix de droite et d’extrême droite mais qui évite de traiter des problématiques essentielles (chômage, coupes budgétaires, scandales politico-financiers).
Espérons que les Français ne se retrouveront pas derrière la figure prophétique du chanoine Sarkozy, qui invite à la communion autour d’une nation française unie et absolue et qui porte les paroles d’évangile d’un héritage chrétien de partage et d’amour du prochain. Amen.
L’huma