L’INTERNATIONALE,
La lettre du secteur international du MJCF
EDITO :
Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène.
Jean Jaurès.
Effectivement la solidarité internationale à toujours été au cœur de l’engagement des jeunes communistes: quand déjà en 1923 nous nous battions contre l’invasion de la Ruhr ou quand en 1925, contre la guerre du Rif, nous revendiquions l’indépendance du Maroc. Plus tard notre mouvement fut marqué par les brigades internationales, les luttes pour les indépendances ou encore par la création aux sortir de la 2nd guerre mondiale de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique (FMJD) qui jouera par la suite et jusqu’à nos jours un rôle crucial dans la lutte contre le fascisme et l’impérialisme, pour la paix et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Lors de notre dernier congrès nous réitérions cet engagement en déclarant notamment:
Les exploité-e-s du monde entier ont des intérêts communs contre le capitalisme. Nous devons nous battre pour la paix et la solidarité entre les peuples. C’est pour toutes ces raisons que nous sommes internationalistes.
Afin que les travaux du Conseil National du MJCF irriguent d’avantage le militantisme dans les fédérations, nous décidions également à l’issue de ce congrès, de nous doter d’une nouvelle structure en Pôles et en groupes, afin de permettre un réel travail collectif sur les différents enjeux. Dans cette optique, et pour répondre aux demandes de longues dates des camarades, le secteur international du MJCF a souhaité se doter d’une lettre mensuelle nous permettant de partager les différentes productions et analyses que nous faisons. Cette lettre sera composée d’un dossier sur un sujet important pour les jeunes communistes et qui, nous l’espérons, nous permettra de répondre à un certains nombre de questions qui animent le mouvement. Une seconde partie nous permettra de retranscrire (par la traduction d’un article ou par des interviews) les campagnes d’autres organisations partenaires, en particulier européennes.
Nous avons choisi dans ce premier numéro de revenir sur la guerre que la France mène aujourd’hui en Libye. Depuis le début, le MJCF dénonce le caractère impérialiste de ce conflit. Afin de donner des éléments de réflexions sur les enjeux réels de l’envoie de l’OTAN dans le pays, il nous a semblé important de revenir sur l’histoire même de la Libye. Vous verrez donc comment ce pays a été tour à tour ennemi et allié des grandes puissances avant de devenir de nouveau la bête noire de l’UE et des Etats-Unis.
Parce qu’avec les plans d’austérités c’est la même logique capitaliste de piller les peuples au profit de quelques privilégiés qui est à l’œuvre, nous avons décidé de nous focaliser sur la campagne de l’Unions des Jeunesses Communistes d’Espagne (l’UJCE). En effet, face à un taux de chômage de plus de 40% chez les moins de 25ans au premier semestre 2011, c’est un des pays les plus touché par la crise. Face à cette situation l’UJCE a décidé de menée une campagne: “tu connais les responsables de la crise” alliant la lutte contre la régression sociale et contre le capitalisme, avec leur campagne historique contre la monarchie, pour la République.
En espérant ces quelques éléments vous seront utiles, je vous souhaite donc une bonne lecture.
Charlotte Balavoine, Responsable du secteur international du MJCF
DOSSIER :
Retour historique sur la Lybie
De la colonisation italienne à la résistance (1911-1945)
Sous prétexte de désordres dans le pays, en particulier de persécutions envers les minorités italiennes, l’Italie adresse un ultimatum à la Turquie lui signifiant son intention d’occuper militairement le pays. Le 29 septembre 1911, elle lui déclare la guerre. Le 5 octobre, les troupes italiennes débarquent à Tripoli et commencent leur entreprise de conquête de la Libye face aux Ottomans. Le 4 novembre, l’Italie déclare la Cyrénaïque et la Tripolitaine « territoires italiens ». C’est contre la Libye que l’avion a été utilisé pour la première fois comme arme en 1911.
Le 18 octobre 1912, le traité d’Ouchy met fin à la guerre italo-turque : la Turquie renonce à sa souveraineté et l’Italie obtient la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Dodécanèse.
De 1922 à 1931, la résistance armée à l’occupation italienne se fait sous la direction d’Omar al Mokhtar. La répression italienne est exercée par le général Graziani, qui reconnaît lui-même dans ses mémoires avoir fait déporter plusieurs centaines de milliers de Libyens dans le désert : plusieurs dizaines de milliers y sont morts.
Le 24 janvier 1932, le Gouvernement italien annonce l’occupation militaire de toute la Libye, après 20 ans de résistance libyenne. C’est alors que commence la véritable colonisation : appropriations agricoles, fouilles archéologiques, construction des infrastructures coloniales (routes notamment)…
Durant la Seconde guerre mondiale, la Libye est le théâtre d’opérations d’envergure qui opposent l’Axe aux Britanniques et aux Français, au cours de ce qui est appelé la « Guerre du désert ». En février 1941, les Anglais entrent à Benghazi. Le 1er mars 1941, l’oasis de Koufra aux mains des Italiens est reprise par les forces françaises libres conduites par le colonel Philippe Leclerc de Hautecloque. C’est la première victoire de la France libre. Face à l’avancée des Alliés, Mussolini fait appel à l’armée allemande : des affrontements meurtriers auront lieu pendant deux ans (Tobrouk, el-Alamein, Bir-Hakeim…). En janvier 1943, Montgomery entre à Tripoli, mais la ville est en grande partie détruite par les bombardements et les Allemands ont fait sauter le port avant de se retirer.
L’Indépendance de la Libye
Après la guerre, la Libye est administrée par la France (Fezzan, au sud) et la Grande-Bretagne (Cyrénaïque et Tripolitaine).
Le 21 novembre 1949, l’ONU se prononce pour un État indépendant, incluant les trois provinces libyennes.
Le 25 novembre 1950 a lieu la première Assemblée Nationale. Elle représente les différentes provinces libyennes.
Le 7 octobre 1951, la nouvelle Constitution libyenne est proclamée et le 24 décembre, la Libye devient indépendante : l’émir Muhammad Idriss al-Senoussi est proclamé roi.
Le 28 mars 1953, la Libye intègre la Ligue arabe.
Le 10 août 1955, la France évacue le Fezzan après un accord conclu avec la Libye. Le 14 décembre, cette dernière rejoint les Nations Unies.
En 1959, des gisements de pétrole sont découverts en Libye par la compagnie Esso.
La Libye de Kadhafi (depuis 1969)
L’opposition de la jeunesse à la monarchie conservatrice provoque le coup d’État non-violent du 1er septembre 1969, à l’issue duquel est créé un Conseil de la Révolution dirigé par Mouammar Kadhafi. Partisan du panarabisme, celui-ci recherchera diverses unions, notamment avec la Syrie, la Tunisie, le Maroc et l’Égypte, qui toutes avorteront. Le pays se lance alors dans une phase anti-impérialiste. Les principales branches industrielles (dont le pétrole) sont nationalisées.
En 1970, Kadhafi fait fermer des bases militaires britanniques et américaines et nationalise les sociétés détenues par des Italiens.En 1973, il participe à l’embargo pétrolier et confirme sa défiance à l’égard de l’occident en apportant son soutien à de nombreuses rébellions dans le Monde.
En 1975, Kadhafi intervient au Tchad, dont il occupe le nord (qu’il ne restituera qu’en 1994).
Sa fidélité au nassérisme l’a amené à condamner la politique du président égyptien Sadate, si bien que l’union égypto-libyenne (regroupant également la Syrie), initiée en 1972, dégénère en conflit armé en juillet 1977.
En 1974, une tentative de fusion entre la Libye et la Tunisie ne voit pas le jour.
En 1977, Kadhafi instaure un nouveau régime, la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste. Basé sur des Comités révolutionnaires, ce régime est supposé établir « le gouvernement direct par les masses ». Il n’y a pas d’élections, donc pas de Parlement ni de président élu, Mouammar Kadhafi se proclamant Guide d’une révolution permanente dont les principes sont consignés dans le Livre vert qu’il a rédigé et que l’on trouve en vente en Libye dans toutes les langues.
En 1979, Kadhafi intervient en Ouganda.
En 1980, des troupes libyennes soutiennent l’action de Goukouni Oueddeï, à qui Kadhafi propose en 1981 une fusion Libye-Tchad restée sans lendemain. En 1980, une fusion Libye-Syrie avait subi le même sort.
Les années 1980 sont marquées par une confrontation entre le régime en place et la communauté internationale, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni.
En 1981, deux avions libyens sont abattus par l’armée américaine à propos d’un contentieux sur les eaux territoriales.
En 1982, les États-Unis décrètent un embargo unilatéral de la Libye, qu’ils accusent de soutenir le terrorisme international.
En 1984, le Royaume-Uni rompt toute relation diplomatique avec la Libye suite à la mort par balle d’une policière britannique devant l’ambassade libyenne à Londres. La même année, une union entre la Libye et le Maroc voit le jour (elle est dissoute en 1986).
Anti-impérialiste, membre actif du Front du refus (contre toute négociation avec Israël sur la question palestinienne), un des animateurs de l’OPEP, Kadhafi devient, d’autant plus après l’invasion du nord du Tchad, la bête noire des États-Unis, qui tenteront à plusieurs reprises de l’éliminer. En 1986, déclarant agir en représailles d’un attentat dans une discothèque berlinoise fréquentée par des militaires américains, et à la suite d’accrochages aériens dans le Golfe de Syrte, les États-Unis bombardent des complexes militaires libyens, des zones résidentielles de Tripoli et de Benghazi, tuant plusieurs dizaines de civils et ratant de peu Kadhafi lui-même.
En 1988, une nouvelle union, cette fois-ci avec l’Algérie, reste lettre morte.
En 1988 et 1989, la Libye est soupçonnée dans les attentats aériens de Lockerbie (Écosse) sur un Boeing de la Pan Am et au-dessus du Niger.
En 1990, une charte d’intégration signée avec le Soudan reste, elle aussi, sans lendemain.
Les attentats aériens provoquent un embargo international (militaire et aérien) contre la Libye : il est voté par le Conseil de Sécurité de l’ONU en avril 1992.
En 1999, la Libye livre deux de ses agents secrets suspectés dans l’attentat aérien de 1988 : les sanctions sont levées et les relations diplomatiques avec le Royaume-Uni sont rétablies.
Le régime joue même, via la Fondation Kadhafi, un rôle d’intermédiaire dans plusieurs libérations d’otages, comme à Jolo en 2000 et au Sahara occidental en 2003.
En août 2003, la Libye reconnaît sa responsabilité dans les attentats de Lockerbie et du vol 772 UTA, et en 2004 un accord définitif d’indemnisation est trouvé avec les familles des victimes, qui mène à la levée de l’embargo.
En parallèle à cela, à partir du 11 septembre 2001, Kadhafi opère un changement dans sa politique, certainement pour éviter une fin violente, pour lui-même et son régime : dès janvier 2002, il entame des discussions avec les États-Unis sur la question du financement du terrorisme.
A partir de là, une phase active de réconciliation commence avec les États-Unis, mais aussi avec l’Union Européenne. Quatrième producteur africain de pétrole, la Libye a engagé une libéralisation de son économie, ouverte aux investissements étrangers, notamment italiens, et un rapprochement spectaculaire avec Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy. La Libye renonce à son programme nucléaire (elle signe en mars 2004 le protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire), s’engage à combattre le terrorisme et passe avec l’Europe des accords qui font d’elle le garde-chiourme de l’Union Européenne contre les migrants venus d’Afrique.
C’est ce rôle que Kadhafi a menacé de ne plus jouer si Bruxelles et les pays européens continuaient à critiquer la répression qu’il exerçait au début des révoltes en février 2011.
Oil + Hipocrisy + NATO = Imperialism war !
No to war against Libya! Only the Libyan people can solve their problems!
La guerre impérialiste en Libye (19 mars 2011 – …)
Depuis le 19 mars 2011, la France et ses alliés de l’OTAN sont engagés dans la soit disant guerre « humanitaire » en Libye. Sous prétexte de soutenir les insurgés du conseil national de transition contre Kadhafi, la France s’est empressée d’intervenir contre son ex-partenaire avec qui elle signait des contrats d’exploitation d’hydrocarbures et des accords contre l’immigration africaine, pour l’Europe forteresse. Ce rapprochement entre l’UE et la Libye s’est fait à partir de 2002 lorsque Mouammar Kadhafi a commencé à libéraliser son économie.
La réalité est que les puissances impérialistes occidentales ne se soucient guère de la liberté et de la démocratie, tout ce qui les intéresse est la stabilisation de la situation pour encore mieux exploiter les richesses de la Libye. Les pays engagés dans la guerre, principalement la France, le Royaume Uni et les Etats Unis, promettent de ne pas intervenir au sol, seulement voilà, l’envoi d’hélicoptères de combat par la France, en plus de l’enlisement du conflit, nous rapproche de cette éventualité.
Le mensonge de la guerre chirurgicale est également tombé puisque l’OTAN a reconnu avoir commis des bavures trois mois après le début du conflit, en effet, le nombre de civils morts (15 personnes à Sorman, 9 personnes à Tripoli) viennent s’ajouter à la liste des morts du coté des insurgés qui sont également victime des frappes hasardeuses de l’OTAN.
Les pays occidentaux s’appuyant sur la résolution 1973 de l’ONU, prévoyant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils, est en fait un leurre puisque de l’aveu d’Alain Juppé, lui-même, ministre des Affaires Etrangères, la France et ses partenaires veulent aller plus loin, jusqu’au renversement de Kadhafi pour remettre très vite en route l’exploitation des ressources pétrolières.
C’est cette même logique qui a été appliqué pour l’enjeu autour de la prise du port de Misrata par les insurgés afin qu’ils puissent échanger le pétrole contre des armes et de l’aide humanitaire. Cette révélation du non respect du droit international montre l’hypocrisie de cette guerre qui ne veut pas dire son nom.
Sur le simple plan financier, les 80 premiers jours de la guerre ont déjà coûté à la France 87 millions d’euros (plus de 1,2 millions d’euros par jour) tandis que l’on applique des coupes dans les budgets de l’Education nationale, de l’assurance maladie, du salaire des fonctionnaires…
Ni l’Assemblée Nationale, ni le Sénat n’a pas pu donner son avis sur l’engagement de la France dans cette guerre impérialiste. La constitution prévoit d’ailleurs que lorsque l’engagement dure plus de quatre mois (19 juillet), le gouvernement devra soumettre sa prolongation devant le parlement.
Antonin Picquart et Ourouk Jawad
FOCUS SUR :
L’Union des Jeunesses Communistes d’Espagne (UJCE)
L’Union des Jeunesses Communistes d’Espagne (UJCE) ou Jeunesse Communiste (JC) est l’organisation de jeunesse du Parti Communiste d’Espagne (PCE) au niveau de Etat. Indépendante en terme d’organisation et autonome au niveau politique, la Jeunesse Communiste se considère comme une organisation-école de communistes, de cadres, de militants capables d’étendre la lutte idéologique, politique et économique pour dépasser le système capitaliste et ses contradictions. L’UJCE est membre de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique (FMJD) ou elle occupe la coordination régionale (CENA: Europe Amérique du Nord).
TU SAIS QUI SONT LES COUPABLES DE LA CRISE1
Nous ne pouvions pas terminer notre campagne de dénonciation des coupables de la crise sans mentionner la Maison Royale, pilier fondamental sur lequel se maintient le système capitaliste de l’État espagnol. Étant donné que les articles 490.3 et 491.2 du Code Pénal définissent comme un délit les injures ou une quelconque utilisation du Roi ou de n’importe quel membre de la Maison Royale « de n’importe quelle forme qui puisse abimer l’image de la Couronne », situation aggravée par l’impunité juridique assurée par l’article 56.3 de la Constitution (dans laquelle il est souligné que la personne du Roi est inviolable et n’est pas une personne responsable juridiquement), il n’est pas facile de trouver une biographie indépendante qui narre objectivement la vie de Juan Carlos I.
Les exemples de la répression politique de la dissidence sont les cas, connus, d’amendes de plus de 2.700 euros pour les activistes catalans qui ont brûlé des photos de Juan Carlos I, la censure du numéro 1573 de la revue El Jueves pour avoir publié une satire du Prince Héritier, ce qui a ouvert un procès qui s’est terminé par des amendes de 3.000 euros pour les auteurs, ou le procès pour injures graves au Roi intenté contre José Antonio Barroso, maire Izquierda Unida de Puerto Real, qui a dû payer une caution de 12.000 euros pour avoir qualifié le monarque de « corrompu » dans un article de La Republica en avril 2008.
Je veux dire en premier lieu que je reçois de Son Excellence le Chef d’État et Généralissime Franco, la légitimité politique surgie le 18 juillet 1936.
(date du début du coup d’État dirigé par Franco) Juan Carlos I de Bourbon.
Pour parler de la restauration des Bourbon en Espagne, il est inévitable de parler de l’acceptation internationale du franquisme. En pleine Guerre Froide, les puissances capitalistes, et concrètement les États-Unis, se mirent au travail pour que la dictature franquiste soit un pays allié, évoluant vers une « démocratie domestiquée ».
En mars 1971, le président des États-Unis Nixon chargea l’attaché militaire présent en Italie et colonel des services de renseignements, Vernon A Walters, de transmettre à Franco que « l’Espagne est vitale pour l’Ouest, parce que Nixon ne voulait que se développe une situation chaotique ou anarchique exprimant l’espoir de voir Juan Carlos intronisé, tandis que Franco gardait le contrôle vital des FF AA (forces armées) tout en se dégageant progressivement de la fonction du Gouvernement pour assurer une transition pacifique et ordonnée que Franco superviserait lui-même ». Selon Walters, le dictateur répondit par les phrases suivantes : « Il n’y a pas d’alternative au Prince. Les FF AA ne pourraient pas laisser la situation devenir hors de contrôle ».
La proposition de l’orientation vers le capitalisme international était claire. Autant Franco « stabilisait » l’Espagne avec les instruments d’une cruelle dictature, autant son successeur devait y arriver dans un système de démocratie bourgeoise. Depuis les années soixante ils ont appliqué le plan de coopter, financer et protéger des équipes d’étiquettes variées pour organiser des « partis politiques » à légaliser ensuite dans le but d’occuper des espaces électoraux. La finalité était claire : un changement politique « limité et responsable ».
Le 23 février (1981): Revivre la peur. Le rattacher à l’avenir.
Nous pouvons considérer dans le même état d ’esprit l’action du monarque dans le coup d’État du 23 février. Loin du rôle de sauveur que lui attribuent les mass-médias, il y a chaque jour plus de doutes sur l’action du Roi et, en général, sur la nature-même dudit coup d’État. La théorie d’un coup d’État pour imposer un gouvernement de consensus national et domestiquer les soifs de liberté et de justice social qui augmentaient dans la population, gagne en force, fait confirmé par les documents déclassifiés des services secrets des États-Unis ainsi que par les déclarations de personnes impliquées dans le coup d’État.
Cependant, ce que nous pouvons savoir avec certitude, c’est que le fait que le Roi ait tant tardé à condamner le coup d’État n’aida absolument pas à son échec, et que des personnes impliquées étaient tellement proches du monarque, comme le Colonel Armada, qu’il est très difficile de croire le discours officiel, comme quoi Juan Carlos I n’avait aucune preuve. Surement que si le coup d’État s’était déroulé d’une autre manière ou avait eu une chance de réussir, l’apparition finale du monarque aurait été bien différente.
Les négociations de la couronne.
Tout au long de notre cybercampagne « Tu sais qui sont les responsables de la crise » (tu peux voir toute la campagne sur www.agitacion.org), nous avons vu que les relations et négociations entre la Maison Royale et les grandes entreprises sont un fait vérifié : Juan Miguel Villar Mir, Ruíz Mateos, Javier de la Rosa ou Manuel Prado sont quelques exemples des deux faces de la même pièce de monnaie qui représentent la monarchie et le capital. De fait, ces deux derniers, liés au monarque, ont été impliqués dans un scandale dans lequel se sont évaporés 108 millions d’euros au Koweït, par des faveurs politiques aux dictatures arabes. Mais comme le signalent diverses sources, ce ne sont pas les seuls scandales.
Si on ajoute à cela l’opacité des comptes de la Maison Royale et le patrimoine accumulé, ce n’est absolument pas barbare de défendre que quand le monarque organise ou assiste à des sommets avec des entreprises partout dans le monde, il y ait alors plus d’intérêts qu’avec la moindre représentation de l’État espagnol.
Nous ne pouvons occulter que la majeure partie des réunions internationales de la Maison Royale espagnole consiste à « ouvrir des marchés » pour les grandes entreprises de l’État espagnol, bien que cela entre en contradiction totale avec l’idéologie officielle du régime qui répète constamment que la monarchie n’a aucun type de pouvoir politique. Il est cependant certain que c’est l’essence du capitalisme, une élite qui tisse ou manœuvre à la défense de ses propres intérêts, ce qui n’est pas à la portée du pouvoir décisionnel du peuple.
Les pires dictateurs du monde, les meilleurs amis de la Maison Royale.
Quand nous recevons une visite de la princesse de Jordanie, du Roi saoudien ou de n’importe quel autre monarque absolu, les médias du système se contentent de prendre des photos de la réception et de commenter les vêtements des princesses. Pourtant, derrière ces visites « protocolaires » et les voyages de la famille royale aux diverses royautés, on cache l’aval donné et la légitimation aux dictatures les plus sanguinaires de la planète.
Sur le propre site web de la maison royale, on trouve des discours de soutien et d’appui de la monarchie espagnole à la Famille Royale Al Saud, la Maison Royale de Jordanie, les rois de Thaïlande etc etc. Mais il y a plus : il suffit de jeter un coup d’œil à la liste des personnes décorées de la Toison (la plus grande distinction de la Maison Royale espagnole) pour se rendre compte du double discours de l’Occident qui tout en parlant des Droits de l’Homme dans le monde et en s’érigeant en représentant du « monde libre », récompense les dictatures les plus cruelles.
Un cas particulièrement significatif pour les Espagnols sont les relations fraternelles que maintient la Maison Royale espagnole avec la marocaine, relation qui entre en contradiction frontale avec le sentiment majoritaire dans le pays d’appui à la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination et son indépendance, mais aussi de soutien au peuple marocain dans sa lutte pour la liberté et la conquête de droits civils.
Et maintenant que l’Espagne s’engage à nouveau dans une autre guerre impérialiste, en Libye cette fois, le Roi montre encore une fois quelle est la véritable figure du règne. Bien qu’on massacre, pendant ce temps, dans des pays comme le Bahreïn, notre monarque a envoyé au nom du Royaume d’Espagne un message d’appui au roi de ce pays, Hamd ibn Isa al Jalifa, légitimant ainsi les derniers massacres des légitimes protestations populaires.
Parce que la monarchie représente le capital, l’impérialisme et la guerre !
Parce que depuis toujours ses intérêts ont été dans la direction contraire de ceux de la classe travailleuse !
Tu sais qui sont les coupables. Arrête-les !
Traduction : Antonin Picquart
1 Traduction d’un article du site de l’UJCE sur leur campagne nationale, pour plus d’information allez sur le site : www.juventudes.org