Le rouleau compresseur de la précarisation de l’Éducation nationale avance à chaque interview de Luc Chatel.
Cette semaine encore, les déclarations du ministre de l’Éducation mettent en danger les conditions d’études et de travail dans les écoles, les collèges et les lycées. Pour notre ministre, « ce n’est pas en recrutant davantage de titulaires remplaçants que ça marchera mieux. » Les 65 000 suppressions de postes des cinq dernières années ne seraient donc pour rien dans les non remplacements, les classes surchargées, etc.
Pire, la solution du gouvernement consiste à recruter des personnels sans aucune formation sur des contrats ultra précaires pour assurer les remplacements : « les vacataires, étudiants ou jeunes retraités, peuvent très bien remplir ce rôle ». Une formation pour être prof’ ? Mais non, ça sert à rien on vous dit. Il avait prévenu, l’Éducation nationale sera dorénavant gérée comme une entreprise avec des recrutements directement à Pôle emploi, tant pis pour l’avenir et la réussite des jeunes. Ce n’est pas digne d’intérêt pour le gouvernement, semble-t-il.
Le discours peut parfois paraître peu cohérent, jugez vous-même. « C’est bien la preuve que notre recentrage sur les fondamentaux, français et mathématiques, à l’école primaire est en train de payer. » Un peu avant dans la même interview : « dire qu’on doit d’abord bien parler français avant d’apprendre une langue étrangère est absurde ». En réalité c’est « les fondamentaux » pour les uns et tout le reste pour ceux dont la famille ou la collectivité locale sera assez riche pour « financer les équipements en vidéoprojecteurs ou ordinateurs » puisque, pour Chatel, on peut bien sûr « apprendre l’anglais à Paris par visioconférence en dialoguant avec un enseignant basé à Londres ».
Qu’on se rassure pour ceux qui aurait vraiment besoin d’un prof’ le ministre estime que « nos jeunes enseignants parlent désormais davantage l’anglais, ils peuvent l’enseigner » justifiant du même coup la suppression des intervenants étrangers et la polyvalence des professeurs sans formation supplémentaire. Il estime également que « la qualité de notre enseignement est toujours très bonne ». Peut-être que personne n’a pensé à lui envoyer un exemplaire des enquêtes et rapports de l’OCDE qui montrent que les inégalités scolaires n’ont cessé d’augmenter ces dix dernières années ou encore que la France est l’un des pays riches où il y a le moins de professeurs par rapport au nombre d’élèves. Enfin, il nous présente l’évaluation par compétences comme un bienfait absolu.
Rappelons toutefois que l’objectif n’est autre que de précariser les futures générations qui arriveront diplômées sur le marché du travail. En effet, le diplôme est accompagné d’une feuille précisant les « compétences » propres à chacun. C’est la mise en concurrence accrue permise par ce mode d’évaluation qui détruit le cadre national des diplômes et donc leur reconnaissance. Elle varie d’un élève à l’autre et donc casse le cadre commun des diplômes. Cela permet au patron de faire jouer la concurrence entre deux jeunes qui ont le même diplôme pour réduire leur salaire par exemple.
Nous, jeunes communistes, refusons cette précarisation généralisée et la mise en péril de notre avenir. Nous nous battons pour une éducation choisie et de qualité pour tous, ce qui passe, notamment, par l’embauche massive de professeurs fonctionnaires et formés !