Des nouvelles de Cuba

Cuba face aux défis du XXIème siècle


Cet article a été réalisé à partir de l’entretien de Ricardo Alarcón de Quesada, Président du Parlement Cubain, et Salim Lamrani, enseignant chargé de cours à la Sorbonne et Marne-la-Vallée, et journaliste spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis (dernier ouvrage : “État de siège. Les sanctions économiques des États-Unis contre Cuba”, Paris, Éditions Estrella, 2011). Suivant les grandes lignes directrices de l’entretien, l’article suivra quatre grandes lignes de développement : la passation de pouvoir entre Fidel et Raúl Castro, les réformes économiques cubaines, les relations internationales, et la question des prisonniers politiques.


Fidel et Raúl Castro

Partout en occident la presse bourgeoise se déchaîne, après l’annonce de l’hospitalisation de Fidel Castro puis de son retrait « officiel » du devant de la scène politique cubaine, lui succède à la tête de l’état Raúl Castro son frère (élu démocratiquement par le Parlement cubain en 2008). Loin de chercher à comprendre les raisons de son arrivé au pouvoir, les médias l’explique comme une nouvelle manifestation du caractère totalitaire que peut avoir le régime cubain. Qu’en est il vraiment ? Il est évident à Cuba, que les raisons qui ont poussé le Parlement à nommer Raúl Castro ne sont pas d’ordre familiale, mais bien historique et politique. Tout d’abord, malgré l’image que véhicule l’occident de la Révolution cubaine, le Che n’était pas le « numéro 2 » de l’Armée révolutionnaire. En effet en 1958, c’est Raúl Castro qui se charge d’ouvrir le second front dans la Sierra Maestra. De plus, le nouveau Président cubain avait occupé pendant plusieurs années (de par son rôle pour la libération du peuple cubain, de ses qualités remarquables de leader et ses nombreuses connaissances) la place de Premier vice-président. Enfin si, comme voudrait le faire croire les médias américains et européens, la famille Castro se réservait les places de pouvoir à Cuba, Ramòn le frère aîné de Fidel occuperait également une haute fonction politique, hors il n’en est rien, tout comme pour ses nombreux autres frères et soeurs. Pour finir, qui a déjà entendu parler des enfants de Fidel ? Personne car eux non plus n’occupent aucun poste clef au sein de l’état cubain. Afin de clore définitivement ce débat, il est nécessaire de rappeler que l’on assiste à un véritable renouvellement des cadres de la société cubaine, autant sur le plan politique, qu’associatif, ou syndical. De l’échelon municipal à l’échelon central, ce sont les générations post-59 qui prennent le relais (précisons que sans mettre en place de lois de parité, les femmes, les jeunes, les minorités, ne sont pas sous-représentés à Cuba et ce à tous les échelons).

La réforme du modèle économique cubain

Au terme d’un processus populaire et national de réflexion, pendant lequel les cubains ont analysé les réalités objectives de leur pays : ressources matérielles et naturelles très limitées, restrictions économiques de la puissance impérialiste américaine, chute de l’URSS (ancien partenaire économique de Cuba), mais également au regard des évènements positifs que connaît l’Amérique Latine, les cubains ont fait le choix d’introduire des changements au sein de leur projet économique et social. Le but, atteindre une meilleur efficience économique (utlisation plus rationnelle des ressources matérielles et naturelles) et une société plus juste, bref, progresser dans la transition socialiste qui doit conduire à la société communiste. Ces réformes visent à réduire, plus de 50 ans après la révolution, la place de l’Etat dans l’économie cubaine en le désengageant de certains secteurs d’activités. Le but étant de réduire la bureaucratie, et le coût qu’elle engendre. Les autorités cubaines vont donc promouvoir le développement de coopératives artisanale, agricole, et commerciale, en ville comme à la campagne afin de libérer les forces productives, et favoriser les initiatives personnelles. En matière de logement, les conditions d’échange, et de vente, ont été simplifiées (rappelons que 85% des cubains sont propriétaires de leur logement) afin de permettre aux familles de mieux s’adapter aux réalités de la vie (naissance et départ d’enfants, par exemple). Concernant les voitures, les autorités étatiques (qui possèdent à Cuba le monopole des importations) se sont données comme objectif de « débureaucratiser » l’usage automobile en réduisant les restrictions (misent en place par Felipe Pazos bien avant l’arrivée au pouvoir des communistes cubains) quand à l’importation de véhicules (rappelons qu’il n’y a jamais eu d’industries automobiles à Cuba) qui coûtent, à cause des restrictions économiques imposées par les USA extrêmement chères. Il ne s’agit donc pas d’une libéralisation de l’économie cubaine comme voudrait le faire croire les anti-cubains mais bien au contraire la mise en place d’un « socialisme à la cubaine ». Rappelons, pour finir, que les pouvoirs publiques ne se désengagent en rien du financement du système social cubain et que l’état continuera d’assurer son rôle fondamentale au service du peuple (scolarité, santé, culture totalement gratuite, congés payés, retraite,…) et dans la direction des secteurs clefs de l’économie cubaine aux côtés des travailleurs.

Les relations internationales de Cuba

Cuba fait souvent l’objet d’une remarquable propagande anti-révolutionnaire (la raison d’être de cet article n’étant que de rétablir les faits avérés), et jamais les médias ne parlent des relations que Cuba entretient avec les E-U ou l’UE. Depuis l’élection d’Obama à la tête de l’administration américaine, Cuba reconnaît quelques progrès, notamment ceux concernant la liberté de circulation pour les cubains résidants aux états-unis (les médias eux nous parlent de l’inverse alors qu’aucune loi cubaine n’existe sur ce sujet). En matière économique, les amendes et les sanctions économiques à l’encontre des entreprises (américaines comme européennes) se sont généralisées. Comme le rappel à juste titre Ricardo Alarcón de Quesada, « il ne faut pas oublier que les sanctions économiques disposent d’un caractère extra-territorial, c’est-à-dire qu’elles s’appliquent également aux autres nations, et ce en violation du Droit International qui interdit tout type d’application extra-territoriale des lois ». Avec l’Union Européenne les relations sont également très compliquées à cause du vote par le parlement de la Position commune en 1996. Les dirigeants européens se sont pliés à la loi américaine, acceptant toutes les restrictions (échanges politique, économique, culturel) quelle imposait à Cuba (pour plus d’information sur ce sujet je vous renvoi au lien de l’entretien disponible en fin de page). Cuba accepte de normaliser ses relations avec les USA et l’UE a conditions que ces états respectent le droit du peuple cubain à disposer librement de son pays.

Les prisonniers politiques à Cuba et les prisonniers politiques cubains

Tous les prisonniers dits politiques à Cuba ont été reconnus coupables d’association avec une puissance étrangère par les tribunaux cubains, à savoir les États-Unis. Le but de ces associations est de promouvoir un changement de régime à Cuba. Cela est bien évidemment une grave violation du code pénal cubain, comme pourtous les codes pénaux du monde entier (pour plus d’information sur ce sujet je vous renvoi au lien de l’entretien disponible en fin de page). Nous tenons également à rappeler dans cet article « l’affaire des cinq », cinq cubains qui ont été jugés et condamnés par ce qu’ils luttaient contre le terrorisme et le crime organisé sur le sol américain. Cinq cubains qui ont déjà passé plus de 10 ans en prison par ce qu’ils défendaient leur pays contre des criminels, connus des services de sécurité américains, et qui projetaient de perpétrer des attentats à Cuba. Les jeunes communistes du Rhône et de la Loire avaient déjà manifester leur solidarité envers ces camarades cubains, et nous appelons de nouveau le président Obama à stopper les procédures judiciaires contre eux.