Le lundi 25 mai, à Minneapolis aux États-Unis, un Afro-Américain innocent et non-armé, George Floyd, a été exécuté lentement par un policier blanc déjà connu pour les multiples exactions qu’il avait commises par le passé. Les terribles images de plus de huit minutes nous montrant ce policier écrasant avec son genou le cou de George Floyd, l’étouffant jusqu’à la mort, alors que ce dernier répétait en vain “I can’t breathe/Je ne peux pas respirer”, ont fait le tour des États-Unis et du monde. George Floyd était originaire du Texas où la crise de Covid-19 l’avait privé de son emploi d’agent de sécurité. Dès le lendemain du meurtre, des centaines de milliers d’Américains de tous ages et de toutes origines sont descendus spontanément et massivement dans les rues, d’abord à Minneapolis puis dans l’ensemble du pays, pour exprimer leur aversion et leur rage légitime, pour réclamer justice pour George Floyd et pour toutes les victimes des meurtres racistes de la police américaine. La mobilisation s’étend et se poursuit encore aujourd’hui à travers tout le pays et fait face à une répression policière de plus en plus violente et militarisée. Le meurtre de George Floyd n’est malheureusement pas un cas isolé aux États-Unis. Chaque année des dizaines de personnes, issues principalement de la communauté afro-américaine sont brutalisées ou assassinées par la police. La plupart du temps, il n’y a aucune poursuite et condamnation contre les policiers coupables. Plus largement, la population noire et immigrée aux États-Unis, au delà des crimes racistes, subit massivement la pauvreté et la précarité économique ainsi que des discriminations liées à l’accès à l’emploi, à l’éducation, au logement, à la santé, etc. La pandémie de Covid-19 en est un exemple révélateur car c’est surtout la communauté afro-américaine du pays qui a été le plus touchée par la maladie.
Les États-Unis et leur héritage esclavagiste
Cette systématisation des discriminations et de la violence contre les noirs aux États-Unis ne peut se comprendre que par l’existence d’un racisme d’État structurel au système capitaliste américain. Ce racisme d’État subi spécifiquement par les Afro-Américains est issu de la période esclavagiste. Cette période se termine en 1865 après plus de deux siècles d’une domination raciale criminelle et génocidaire qui a violemment attenté à la dignité et à l’intégrité des hommes et des femmes noir·e·s. L’abolition de l’esclavage aurait du voir émerger une logique de justice, de réparations et de déconstruction du racisme en faveur des Afro-Américains. Mais l’État bourgeois américain voit au contraire dans son histoire la période de la ségrégation raciale se substituer à celle de l’esclavage, avec la promulgation de lois racistes contre les noirs américains, la privation de leurs droits élémentaires, les lynchages, etc. C’est la lutte des Afro-Américains et de l’ensemble du Mouvement pour les droits civiques qui a permis d’y mettre officiellement un terme en 1960. Mais malgré la fin de la ségrégation « légale », les États-Unis restent imprégnés par un racisme endémique, structurel à l’encontre des Afro-Américains et des communautés de couleur, qui dans sa forme la plus sévère et visible s’exprime par la répression, la violence et le crime policiers. En somme, une ségrégation de facto persiste aujourd’hui encore à travers ces discriminations raciales systémiques.
Le gouvernement Trump, comme celui de son prédécesseur Obama et tous les gouvernements américains à ce jour, républicains ou démocrates, portent d’énormes responsabilités car les discriminations, les crimes racistes, la violence policière et la répression n’ont jamais cessé aux États-Unis. Dans le même temps, les États-Unis, par leurs guerres et interventions impérialistes qu’ils mènent à l’étranger alimentent la haine raciale et nationaliste, provoquant des effusions de sang et semant de grandes souffrances parmi les peuples du monde.
La France et son héritage colonial
La France, qui est elle aussi un pays capitaliste, n’est pas épargnée non plus par le racisme d’État et par la répression et les violences policières touchant spécifiquement les populations d’origine immigrée. De façon analogue aux États-Unis, ces violences policières à l’encontre des minorités ethniques en France sont liées à un racisme structurel de nature post-coloniale.
Chaque année nous apprenons ainsi que des dizaines de personnes issues de communauté immigrées, principalement des jeunes, noirs ou arabes, et vivant la plupart du temps dans des quartiers populaires, sont ainsi harcelés, mutilés voire tués par la police française sans que celle-ci ne soit jamais inquiétée par l’IGPN ou par la justice. La justice à deux vitesses est en effet un rouage essentiel de ce système. Durant la seule période de confinement, on dénombre en France plus de dix personnes tuées des mains de la police. La police semble intouchable et toute une propagande est orchestrée pour défendre et justifier ses exactions contre toutes dénonciations, en témoigne la récente campagne médiatique de dénigrement contre la chanteuse Camélia Jordana qui avait mis à jour la question des violences policières ou encore l’acharnement contre la famille Traoré.
États-Unis, France, même combat!
Ce que nous devons comprendre à travers les contrôles d’identité abusifs, les «interpellations musclées», les agressions racistes, les soi-disant «bavures» n’est autre que l’expression la plus violente et visible de la domination de classe exercée par l’État bourgeois à travers sa Police. L’unique rôle de la police et de l’État dans notre société capitaliste est en réalité de défendre les privilèges, la propriété et la structure du pouvoir de la classe capitaliste monopoliste. Aux États-Unis comme en France, et dans l’ensemble des pays capitalistes, le racisme d’État engendre partout au service de cette classe des franges entières de travailleurs paupérisés, ultra-précaires, corvéables à merci, isolés et surexposés à la répression et aux violences policières. Le système capitaliste cantonne certains groupes ethniques aux plus bas niveaux économiques de nos sociétés, tout en générant à leur encontre un racisme endémique et structurel.
L’injustice économique se retrouve renforcée par des critères racistes qui ont pour objectif la division du prolétariat que seule une lutte de l’ensemble de la classe ouvrière et un changement révolutionnaire de la société pourra endiguer. Comme depuis toujours, l’État bourgeois compte sur cette division du prolétariat pour mieux nous exploiter et nous réprimer sans menace d’une réponse unie de l’ensemble de la population, espérant bien que celle-ci tombe dans le piège du racisme, empêchant ainsi toute solidarité de classe. Les discours racistes et nationalistes n’ont pour seuls buts que d’empoisonner la conscience des travailleurs blancs, de leur faire accepter l’oppression de leurs frères de classe, de diviser ainsi notre camp et renforcer celui de la bourgeoisie.
C’est pourquoi, nous communistes, dénonçons la brutalité abjecte de la Police Française, mais souhaitons rappeler que cette dernière est l’expression d’une domination dont tous faisons les frais. Que victimes ou non de ces violences, nous tous sommes concernés car tous de la même classe. Que le martyre des quartiers populaires, la gestion désastreuse de l’épidémie de Coronavirus, les mauvaises conditions de travail, le chômage et la misère font partie de la même oppression et font les mêmes victimes. Que dans cette guerre de classe à sens unique, seule la solidarité nous permet de lutter, seule notre unité et notre organisation, sans distinction de couleur ou d’origine, nous permettra de vaincre.
Des mesures urgentes, tout de suite!
Avant d’arriver ensemble à la transformation révolutionnaire de la société, nous devons à court terme tout mettre en œuvre pour faire cesser l’impunité policière en France à travers certaines mesures d’urgence. La police nationale, ses politiques, ses méthodes, son armement doivent être radicalement transformés.
C’est pourquoi les Jeunes Communistes de la Loire portent les revendications immédiates suivantes :
- L’interdiction de la technique dite du placage ventral
- L’abolition de la pratique du contrôle d’identité, inutile et s’apparentant à une véritable campagne d’intimidation et de contrôle permanent, et générant la plupart des violences.
- L’interdiction des armes de guerre en usage dans la police (LDB, grenades, etc) la démilitarisation et plus généralement le désarmement de la police.
- La dissolution de la BAC, de la BST ainsi que de la BRAV-M.
- Le contrôle et le respect de l’identification des policiers par le RIO, aujourd’hui rendus impossible par des pratiques systématiques de camouflage et de dissimulation (absence de matricule, tenues civiles, port de cagoules et de casques de moto ou de skateboard, absence d’écussons et de brassards, etc.)
Le maintien et le respect du droit de filmer les policiers dans l’exercice de leur fonction. - Le placement des forces de police sous un véritable contrôle civil, impartial et indépendant (au contraire de l’IGPN qui dépend elle aussi de la Police Nationale)
- Le jugement des policiers comme n’importe quels autres citoyens lorsqu’ils commettent un crime ou des violences. L’indemnisation des victimes.
- La réduction des budgets du renseignement, de la surveillance, de la police et de l’armée – au profit des budgets sociaux.
- L’abolition de la « politique du chiffre » qui est à l’origine de trop nombreuses dérives.
- La réduction des incarcérations et du budget pénitentiaire au profit du financement de la santé, des services sociaux, de l’éducation, du logement, etc.
Renverser le système capitaliste
Nous savons néanmoins que ces quelques mesures d’urgence ne seront pas suffisantes et que les brutalités policières et plus généralement le racisme d’État ne tomberont réellement qu’avec le pouvoir bourgeois lui-même. Pour construire une société juste où l’on reconnaît à chacun et chacune une place, un travail, une dignité, une société de paix véritable, il faut faire tomber le capitalisme et l’État bourgeois.
C’est seulement par la prise révolutionnaire du pouvoir par les travailleurs eux-mêmes, organisés en tant que classe unie sans divisions quelles qu’elles soient, que l’on pourra mettre un terme aux logiques destructrices de la production capitaliste, qui permet et impose le racisme, le chômage, les crises et les guerres.
Nous soutenons donc toutes les initiatives des communautés afro-américaines et immigrées et de l’ensemble des travailleurs des États-Unis et de leurs organisations syndicales et révolutionnaires qui vont dans le sens du renversement de la classe au pouvoir.
En France aussi nous appelons donc au renversement du capitalisme et à la transformation révolutionnaire de la société. Cette société pourrissante qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes et de femmes dans ses rouages silencieux et bien huilés, celle qui nous asphyxie tous n’a que trop duré !
Comme nous le rappelait si bien la militante communiste Angela Davis : « Pour détruire les racines du racisme il faut renverser tout le système capitaliste ». Les Jeunes Communistes de la Loire font leurs ces propos de notre camarade afro-américaine et luttent dans cette voie.
Soutien à tous ceux qui se soulèvent, en France, aux États-Unis et dans le monde contre l’oppression !
Vive l’union et la solidarité internationales des travailleurs, vive le socialisme !
Justice et vérité pour toutes les victimes de violences policières !
À bas l’État bourgeois raciste et criminel !
À bas le capitalisme et l’impérialisme !