Discours d’introduction à l’Assemblée Générale de la Jeunesse Communiste de la Loire

 Samedi 18 Janvier 2014

            Nous n’allons pas démarrer cette AG en discutant des événements qui ont fait la une des médias bourgeois ces dernières semaines : comme souvent, ils ont servi à détourner les regards des véritables préoccupations du peuple tout en alimentant l’embrouille sur ce qu’il faut réellement combattre. La véritable actualité la voici : les restructurations dans les entreprises continuent avec des milliers d’emplois qui disparaissent en particulier dans l’industrie, avec des familles entières qui se retrouvent dans des difficultés extrêmes. Les luttes continuent d’éclater un peu partout, dans les raffineries de pétrole, chez Goodyear, La Redoute, Alcatel, à la SNCM… Les salariés ont raison, avec la CGT en tête, de dénoncer l’énorme contraste entre les smicards jetés à la rue et la soi-disant nécessaire augmentation des profits des entreprises. Aujourd’hui, les 300 plus grandes fortunes du monde accumulent 2700 milliards de dollars. Le prolétariat paye, la bourgeoisie s’enrichit comme jamais elle n’avait pu le faire auparavant. En un mot, la lutte des classes s’intensifie et se radicalise. Le Parti Socialiste porte une grave responsabilité à cette situation économique et sociale qui ne fait que renforcer la crise morale, le sentiment d’absence de perspective de changement. François Hollande assume désormais ouvertement son adhésion pleine et entière au libéralisme économique avec une politique clairement de droite : hausse de la TVA, baisse des impôts versés par les grandes entreprises, hausse insignifiante du SMIC (12euros par mois!)… la liste est longue et se résume par un allègement des charges des entreprises, c’est-à-dire en fait une baisse généralisée des salaires pour une augmentation du Capital, un transfert de la richesse des travailleurs vers le grand patronat. Les salariés doivent être moins payés et plus imposés pour aider leurs employeurs à être compétitif. L’injustice est encore plus profonde et plus dure lorsqu’elle est instaurée par un parti de gauche mais, du moment que celui-ci ne reconnaît plus l’existence de la lutte des classes, est-il encore de gauche ? Cela ne fait-il pas 30ans, avec François Mitterrand et Lionel Jospin, que le PS a abandonné la lutte contre le capitalisme au profit d’une participation volontaire à ses mutations, en bradant les entreprises publiques, en baissant l’imposition sur le Capital, en facilitant le pouvoir des actionnaires de dominer sur notre travail ?

 

La politique étrangère de la France n’est pas meilleure : Hollande a affiché son soutien aux gouvernements d’Israël, d’Arabie Saoudite et du Qatar, des États policiers, ségrégationnistes, esclavagistes ou monarchiques, des criminels en fait, dotés d’une religion d’État, mais qui dominent la scène économique internationale. C’est ce qui semble le plus important : vendre les avions Rafale de Serge Dassault pour promouvoir l’industrie française, quel cynisme. Pendant ce temps là, la colonisation continue en Palestine, Marwan Barghouti est toujours en prison, Israël maintient la chasse au Palestinien, c’est l’inhumanité la plus totale en opposition systématique au Droit international. De par la durée de cette occupation et se violence, la cause palestinienne est toujours la cause la plus universelle des luttes de libération.

Mais la politique internationale ce sont aussi les guerres en Afrique. S’il prend les accents de Sarkozy dans sa politique économique, on retrouve les propos de Bush chez Hollande pour justifier les interventions armées : il faut « détruire » les terroristes, « punir » les fauteurs de trouble. Qu’en est-il de l’empreinte coloniale laissée par la France sur ces pays (Mali ou Centrafrique) ? Ne sommes-nous pas directement responsables de la déstabilisation politique qui règne là-bas ? Qui exploite les gisements de pétrole, les mines d’or ou de diamants, si ce n’est les grands groupes capitalistes français et occidentaux ? En intervenant militairement, quels intérêts cherche-t-on à défendre, ceux du peuple ou du Capital ? Ici ou là-bas, les logiques sont les mêmes. Le cœur du combat communiste qui consiste à unir les travailleurs de leur pays doit se nourrir aussi et surtout de luttes internationalistes : l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme.

 

Aidons les peuples dans leur libération, mais aussi inspirons-nous d’exemples où l’alternative existe. Rafael Correa, président de l’Equateur, pays dans lequel s’est rendue une délégation de la JC pour le Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants il y a un mois, est venu à Paris le 6 Novembre dernier pour donner une conférence. Il y explique que les pays latino-américains ont eux aussi subi dans les années 1970/1980 une crise de la dette, imposée comme aujourd’hui en Europe par les organismes financiers internationaux : FMI, OMC, Banque Mondiale. Cet endettement qui justifie l’austérité ne sert qu’à protéger les intérêts de la Finance internationale. Après être arrivé au pouvoir en 2007, Correa a suspendu les remboursements de dettes et a racheté des titres d’emprunt émis sur les marchés financiers, faisant des économies monstres pour le pays en retirant l’argent public de la spéculation internationale. Ensuite, une nouvelle Constitution a encadré le recours à l’endettement, en interdisant notamment l’ « étatisation » des dettes privées (c’est ce qui s’est passé en Europe en 2008 lorsque les Etats ont renfloué les banques, et c’est en partie pour cette raison aujourd’hui que ce sont ces mêmes Etats qui se retrouvent avec des dettes colossales envers ces mêmes banques !). Les politiques de beaucoup de pays d’Amérique latine nous prouvent qu’une alternative est possible. Les objectifs et les moyens sont partout les mêmes : réduire les inégalités, résorber le chômage, favoriser le travail collectif et l’implication des syndicats et associations dans la mise en œuvre des projets sociaux, hausse générale des salaires et du niveau de vie des plus pauvres. Pour cela, reprendre la main sur notre économie en prenant exemple sur les nationalisations des puits de pétrole en Argentine, ou la création de supermarchés d’Etat au Venezuela.

 

Ayons en tête, surtout lorsqu’on vit dans un pays riche comme la France, que plus les techniques de production évoluent, plus les rendements du travail sont importants – ceux qui permettent de faire augmenter sans cesse la part du Capital –, plus il devient possible de socialiser ces moyens de production, de gérer collectivement les richesses produites par l’Homme et de les répartir selon les besoins de chacun. Cela ne signifie pas que le socialisme va s’instaurer tout seul, c’est là que l’action des communistes et de leurs organisations est importante. Il s’agit pour nous :

–         d’affirmer notre position politique sur la nationalisation des grands secteurs de l’économie

–         de participer aux luttes, d’en impulser, d’en mener, pour faire vivre nos idéaux dans la réalité concrète, faire part de nos propositions et pour massifier l’organisation

 

Il faut réconcilier le peuple et la jeunesse avec la politique, car le changement sera politique mais il ne viendra que du peuple.

Publié par Jeunes Communistes de la Loire